Je lisais cette semaine le dernier tome de Hirayasumi, un génialissime manga dont je vous encourage vivement la lecture, quand le personnage principal, dont la petite carrière d’acteur est derrière lui, se pose la question d’à nouveau essayer le cinéma. Survient alors cette petite bulle narrative : « Hiroto comprit que lui ne ressentait plus cette flamme »[vis à vis du cinéma, donc.]
Vous me voyez venir sans doute, mais je crois que cette innocente petite phrase a tapé extrêmement juste. À l’heure où nous signons la promesse de vente de notre librairie, j’ai l’impression d’en avoir fini avec ce métier(ou qu’il en a fini avec moi, plutôt) et ça me rend profondément triste.
J’ai un sentiment très personnel (je dis VRAIMENT personnel car le monde entier n’a fait que me répéter que ce métier n’était pas fait pour moi, bravo vous avez gagné) d’avoir pourtant encore beaucoup de choses à faire en librairie. J’ai certainement plein de livres à encore découvrir, de bons de commandes infinis à remplir, de conseils à donner.
Sauf que si j’ai en tête toutes ces belles choses, le mur de la réalité est bien là, absolument palpable, et mon corps, lui, est comme un PNJ de jeu vidéo un peu bugué à s’y cogner sans fin. Depuis plusieurs mois (années ? Mon cerveau est très fort pour créer l’illusion que cela ne fait pas si longtemps), tous mes conseils se soldent en échec, je me sens constamment en décalage entre mes lectures et ce qu’on nous demande.
Le temps passe et j’ai quand même encore envie d’y croire, mais je sais bien l’issue de tout ça : un gigantesque échec. J’ai passé 10 ans de ma vie dans une profession et tout se solde par un échec. Un arrêt anticipé parce que je ne corresponds pas à ce que ce métier attend de moi. Et peut être le pire dans tout ça, c’est que bon sang mais je refuse de perdre, d’admettre que c’est fini ? Mais là non, vraiment, plus d’échappatoire, le roi est mat, il faut partir madame.
Parlons peu, parlons livres :
• Mon gros coup de coeur de cette première moitié d’année c’est Royaume en péril de Thomas D. Lee publié chez Bourgois(traduit par Thibaud Eliroff) : l’histoire rocambolesque de Keu, frère adoptif du roi Arthur, et d’autres chevaliers de la table ronde, qui suite à un sort de Merlin, se voient ressusciter chaque fois que le pays Saxon est en péril. Ils viennent, se chargent du péril et retournent dormir, et ça depuis des centaines d’années. Le nouveau réveil se passe dans un avenir proche, en pleine crise climatique. C’est absolument drôle(oui), rafraîchissant, il y a de l’aventure et de la bagarre en armure.
•Je n’arrête pas tout de suite, alors rassurez vous pour les 2 du fond qui suivent encore : j’ai encore une rentrée littéraire devant moi et de futures lectures qui j’espère seront bonnes !
Coucou, ça fait 10 ans que je travaille en librairie et j'ai commencé à ressentir des choses similaires il y a quelques mois. Je sens que c'est la fin de quelque chose qui m'a beaucoup apporté et c'est difficile de lui dire au revoir, de faire le deuil d'une profession qui nous a changé.e. J'espère que l'on pourra chacune s'épanouir dans ce qui nous attend :)
Bonjour. Dans une situation professionnelle proche de la vôtre (mais dans un autre domaine) je me reconnais dans ce que vous écrivez. J'essaie en ce moment de me dire que ces 13 dernières années ne sont pas un échec ; la fin l'est peut-être mais j'ai forcément aussi avancé/évolué/grandi sur plein de points ; et toutes ces années nourriront les prochaines que ce soit dans ce domaine pro ou dans un autre. J'espère que mes mots vous parleront aussi à votre tour. Au plaisir de vous lire et de vous écouter (je vous suis aussi sur Insta et vos stories d'hier m'ont fait du bien, car j'ai le même sentiment). Très bonne journée